Thursday, September 01, 2016

Une noce ensoleillée et moite pour Blandine et moi

Un jour ensoleillé en août dans le sud de la France, Blandine et moi, on est devenu mari et femme et aussi deux pintes de sueur. Ou bien dit-on femme et mari etc… ? En tout cas, un couple marié humide. 26 août, 2016. Une date qui restera dans l'histoire. Celle que j’ai l'intention d’écrire. Une cérémonie civile simple à la mairie de Ste Colombe, un petit village près de Lyon.


Nous voilà maintenant, après l'événement : Blandine et moi et le clan Chavas en dehors de la Mairie de Ste Colombe. Le clan Chatterji ne pouvait pas venir.  Nous avons l'intention d'avoir un mariage dans un temple en Inde pour partager un moment avec eux.

Mais les graines de cette occasion mémorable ont été plantées quelques mois plus tôt.

Tout d'abord, la partie romantique. Le jour de Noël 2015, je fais une demande de mariage à Blandine. Avec un anneau de diamants acheté en réduction sur Flipkart (Ok, ça ce n'est pas trop romantique ! Mais un mec doit être pragmatique). Le jour du Nouvel An 2016, après m’avoir fait ronger mon frein une semaine, elle a accepté.


Ensuite, la partie peu romantique. Six mois éprouvants à rassembler tous les papiers nécessaires pour satisfaire la bureaucratie française et indienne. Enfin, tout est en place. Date de mariage fixé après un équilibre entre les contraintes opposées de la législation française, les plans de voyage de la famille Chavas et de l’Astrologie (ce dernier point venant de moi).

Blandine a décidé de mener les festivités dans son arrière-cour, un fouillis de mauvaises herbes et d’épines. Une jungle sauvage, où les bêtes aux dents grinçantes  sautaient sur les imprudents (à savoir, le chat de Blandine). Deux jours difficiles avec une tondeuse, une bêche et des cisailles, et l'endroit avait l'air presque pimpant. Quelques visites au Mont Grissard, la colline qui surplombe la maison de Blandine, pour ramasser des brassées de bruyère pourpre, que nous avons plantées tout autour de la cour pour la touche celtique. Une visite au fleuriste préféré de Blandine à Vienne pour acheter une cargaison de fleurs magnifiques... des roses blanches énormes, et des souffles de bébé. Et un tas de crêpe lilas et rubans lilas et de dentelle lilas. Et Blandine se mit au travail : façonner les décorations, avec l'aide mineure de bibi. Mais j’ai fait le travail d’homme de les mettre en place.


Admirez s'il vous plaît les guirlandes sur ces photos. Là, où un balourd sans âme (moi ?) aurait apporté un paquet d’un magasin discount, elle a coupée et peinte à la main chaque feuille sur papier crépon cher, et les a enfilées avec du fil de soie.

La couronne de Blandine de roses, une partie de son costume pour le jour de la noce. Une couronne d'épines, symbolisant le mariage avec moi ? Non. Le fleuriste avait enlevé soigneusement toutes les épines.



Le gâteau. Blandine a deux passions dans la vie : fleurs et patisserie (je viens en cinquième lointain, après quelques autres intérêts mineurs). Si elle a fait des folies sur les fleurs, elle est passée par-dessus bord pour le gâteau. Nous avons commandé notre gâteau chez Sève, à Lyon. Richard Sève compte parmi le top 10 des pâtissiers en France, ce qui signifie sans doute le monde. Nous nous choisi à partir d'une courte liste des œuvres d’art de M. Sève. Ou plutôt, nous en avons sélectionné quatre : une sorte de chose citronnée, une sorte de chose chocolatée, une chose qui ressemblait à un jardin au printemps, et quelque chose qui ressemblait à un seau de peinture renversé. Et là, nous étions coincés. Je bafouillais. Blandine s’impatientait. Nous avons fini par les commander tous les quatre. Quatre petits au lieu d'un grand. Cela semble comme va être la chanson thème de notre vie conjugale : Quatre petits au lieu d'un grand, moi étant un bafouilleur invétéré, et Blandine ayant autant de patience à peu près qu’une bouilloire de soupe bouillante.



Nous sommes allés chercher les gâteaux à Lyon le matin du mariage. Voilà, les œuvres d'art de M. Sève, dans toute leur splendeur : Top Coat, Tamaro, Croquant aux Agrumes, Pulli d'été.





Ne cherchez pas le message ‘Blandine se marie avec Pashupati’ sur les gâteaux. M. Sève ne daignerait pas souiller son oeuvre avec une telle banalité. À la place, pour nous signifier, Blandine a fait deux marionnettes de pâte d'amande. Le petit bonhomme en bleu est l'idée que Blandine se fait de moi. L'une des occasions rares où j’étais bon à manger.



Puis nous avons mis notre parure de mariage et flâné vers la Mairie de Ste Colombe. Nous avons été accueillis sur les marches de la mairie par le clan Chavas : la mère de Blandine, que nous appelons mémé, fille Clara, frères Denis et Michael, et divers nièces et neveux et leurs partenaires.



Le maire est un vieux monsieur aimable que nous avions rencontré avant, en amassant les papiers. Pour le mariage, il avait un costume raide et une écharpe avec les couleurs de la France, pour signifier la majesté terrible de l'État. Nous étions en retard. Le maire nous a donné un regarde austère et il a mis la machine en route. Nièce Juliette a été appelé à lire l'avis de mariage. Des trucs émouvants et romantiques comme 'sous l'acte de mariage de 1966... Se référant à la clause 1.6.1, prise conjointement avec l'article 1.5.2...' et d’autres trucs évocateurs comme ça.



Voici Blandine et moi, aux yeux brumeux par les clauses.


Puis le maire dit les mots magiques qu’on entend dans tous les films romantiques : «Veux-tu, Pashupati... »
Je dis, rapide et essoufflé, Ouais. Gloussement dans la salle. Trop tard je me souviens qu’on ne dit pas « Ouais » quand le curé demande « Veux-tu ». Sourire penaud. Blandine se rattrape avec un Oui, fort et clair.



Ensuite, le truc des anneaux. Les anneaux sont l’héritage de la famille Chavas. Les Chavas se sont mariés avec ces anneaux pour des générations. J'avais scié une tranche de bois moussu pour monter ces anneaux. Ils ont été liés avec un ruban lilas et un bouton de rose.



Je gâche tout en défaisant les nœuds. Puis, je le mets sur le mauvais doigt. Plus de gaieté.



Puis le long baiser passionné. Ça, je le fais bien.



Le maire nous donne une poignée de main et un morceau de papier disant que nous sommes mariés. Souffler de bulles de savon sur les marches de la mairie, après le mariage.








Nous revenons chez Blandine.



Je brise le champagne (un vif  Royer Demi-Sec, apprécié par tous). Ouais, je sais popper une bouteille de champagne sans la renverser partout.



Le gâteau est avalé par tous et chacun.



La table de gâteau vide.

La musique. J'avais insisté pour avoir un musicien en live. Ma seule demande unique. J'ai trouvé Stéphane Balmino sur un site Web pour l'embauche de musiciens pour les soirées. Il chantait des Chansons Françaises, des ballades d’amours et du blues. C’était le blues qui avait fait pencher la balance en sa faveur. Stéphane est un bon mec avec un sourire aux dents cassées, une guitare et une camionnette défoncée. Il a animé la fête avec un assortiment de vieux hits français et quelques chansons inconnues. Certaines en anglais aussi.



À mon insistance, il a glissé quelques chansons de blues, même si Blandine ne supporte pas le blues. D’abord en anglais, bien fait. Magnifique guitare blues. Puis il a chanté une drôle de chanson blues française : Mal aux dents Blues, à propos d'un gars qui visite le dentiste. Un choix bizarre pour un mariage. Est-ce que c’était une allégorie voilée sur la vie conjugale ? Ou tout simplement une référence sur les conséquences de manger tout ce gâteau ?



Il incombe au couple marié de danser à leur noce. Ni Blandine, ni moi savons la moindre chose à propos de la valse ou du Foxtrot. Mais nous avons bougé les pieds, un peu.




Le moment des âneries, comme tout mariage traditionnel qui se respecte : l’inévitable danse de la chenille.






Le crépuscule s’installe. Nous finissons chez Blandine …



…et passons à la prochaine étape: dîner au Cottage dans un village voisin ayant le nom romantique de Chonas l'amballan. Le Cottage est dirigé par le chef étoilé Philippe Girardon. Non, Le Cottage lui-même ne dispose pas l’étoile Michelin. Cet honneur revient à son autre établissement, La Maison de Clairefontaine, en bas de la rue du Cottage. Mais nous ont était où les gens ordinaires peuvent obtenir une bouffée de cuisson du niveau Michelin sans casser leur compte en banque.



Enfin, à 1 h, ivre, avec le personnel du restaurant nous donnant des regards fatigués, nous avons appelé un terme à la fête. Comme un coup de séparation, nous nous sommes arrêtés sur les rives du Rhône et nous avons lâché un ballon à air chaud de papier, pour marquer le début de notre vie conjugale.




Pendant tout ce temps, la maison de Blandine a attendu de nous accueillir à nouveau pour notre première nuit ensemble, comme mari et femme.